Voilà le texte après quelque modif ^^
Je suis allongée dans mon lit, les rayons de la lune passants au travers de ma fenêtre diffusent une douce lumière dans la pièce. Les yeux perdus dans le vide tandis que dans ma tête je me repasse ce moment qui paraît en contradiction avec la réalité. Je me retrouve au milieu d’une foule d’élèves sortant des classes, il est midi. Je suis au centre du cercle formé par les bâtiments. Ils me rejoignent, notre troupe contraste avec les autres. Nous avons décidé d’aller nous amuser, même si faire une chasse à l’homme durant la pause de midi n’est pas quelque chose de très autorisée. Peu importe, cela n’est pas précisé dans le règlement, en même temps il n’y a que nous pour faire cela. Nous allons sortir tous les cinq de notre vie de lycéen juste pour une heure, juste histoire de rigoler.
Les garçons nous précèdent, leurs sacs cognant contre leurs jambes comme nos cœurs dans nos poitrines. Nous les suivons d’un pas pressé en nous frayant un chemin parmi la foule. Nous sommes tendus et en même temps tellement excités, la peur de se faire prendre mais le bonheur de braver les interdits. Ange et moi nous lançons des regards complices, des regards habituels lorsque nous allons encore vivre un futur mystère que nous serons les seules à connaître. Encore une aventure dont personne ne se doutera en voyant les jeunes filles que nous sommes. Je vois les garçons accélérer le pas, mais n’accélère pas le mien. Je sors de mon sac une cigarette et la porte par habitude à ma bouche avant de l’allumer. Le bout devenant incandescent avant que je ne souffle la fumée qui se mélange avec celle causée par l’air froid ambiant. Les garçons se sont arrêtés, je prends la main de mon amie et nous nous hâtons de les rejoindre. Notre organisateur, un petit génie, nous explique ce que nous allons faire et ne nous laissant pas le temps de réagir, il se met à courir le long de la voie ferrée, bientôt suivi par les autres. Sans réfléchir je cours, mes jambes me portant au delà du froid qui s’insinue dans mes poumons et de l’air glacial qui fait rosir mes joues habituellement si blanches. Notre course accompagnée par les cris des élèves qui profite de l’heure de liberté qui leur est accordée. Quelques mètres plus loin j’aperçois les garçons escalader une butte de terre, j’accélère ma course folle et les rejoins. Je grimpe à mon tour, essayant de ne pas glisser malgré l’herbe mouillée. Nous sommes dans un champ, au loin une route borde l’herbe, le bruit des voitures remplaçant alors celui des élèves. L’école est loin maintenant, je reprends doucement mon souffle. Mark me tend mon arme en même temps que l’organisateur grimace en remarquant que l’usine est en activité. Ange s’agrippe à mon sac pour ne pas tomber et me prend la fin de la cigarette tandis que nous chargeons les armes. Je prends alors la parole : « Nous devons trouver un autre endroit, nous sommes trop en vu. Si des gens voient des adolescents se tirer dessus, ils vont se poser des questions, et ne peuvent pas savoir que ce sont des billes et non des plombs. ». L’organisateur acquiesce et me demande si j’ai une idée. D’une voix calme je lui réponds naturellement : la cabane.
Nous rangeons les armes et repartons tranquillement le long du chemin de fer. J’entends un bruit, je me retourne et aperçois un train. Je crie pour les prévenir, nous reprenons alors notre course, enivrés par l’illusion qu’il ne nous rattrapera pas. Nous arrivons dans la cour du lycée, essoufflés, mais nous continuons de courir, des regards interrogateurs se posant sur nous. Je m’en moque mes pieds frappent le sol en même temps que cette sensation de liberté s’installe en moi. Je sors de mon état second, remarquant que Ange et moi avons perdu la trace des autres. Je l’entraîne avec moi pour trouver l’entrée du domaine. Nous marchons dans des flaques d’eau boueuses en longeant le bâtiment des primaires puis bifurquons pour nous retrouver dans un vaste champ mouillé. J’aperçois la maison au loin. Je traverse le champ pour me diriger vers son l’enceinte de son jardin suivie par Ange. Nous arrivons sur un parterre de feuilles jaunies, la maison délabrée se dressant devant nous. Nos yeux brillent d’excitation, nos cœurs ralentissent la cadence. Nous n’osons à peine respirer de peur d’être surprise ici. Doucement nous entreprenons de découvrir cette maison avec l’impression d’être seule au monde. Avec la sensation que nous avons mille choses à découvrir, mille secrets à déterrer. Nous ne devrions pas être là, mais c’est cela qui nous plait, nous ne devons pas faire de bruit seul un mur nous sépare de l’école, il est donc facile de nous entendre ou de nous voir. Comme des enfants nous voulons tout découvrir et entreprenons de visiter. Des bouts de verre brisé craque sous nos pieds, des années d’histoire se dévoilent devant nous. Notre curiosité est à vif, nous passons devant une étable. Nos pieds sont mouillés et chaque pas que nous faisons est marqué par le bruit de l’eau dans nos chaussures. Nous sommes à présent dans le garage, de veille voiture se présentent à nous ainsi qu’un escalier que nous montons. L’étage est recouvert de paille, et la plupart des fenêtres sont brisées, remplacées par de simples volets de bois. C’est alors qu’un bruit nous surprend. Je me dirige vers le haut des escaliers, tremblante de peur en imaginant qu’on est pu nous voir.J’aperçoit nos complices dans l’embrasure de la porte du rez de chaussée, rassurée mon cœur retrouve petit à petit sa cadence. Ils nous expliquent qu’ils ont pris un autre chemin que nous et ont donc mis plus longtemps, puis posent leur sac à coté des nôtres. Ils nous rejoignent, sortent les armes, puis nous commençons à tirer sur des cibles pour nous entraîner, alors que Ange ferme les volets, histoire de nous isoler. Nous nous retrouvons ainsi enfermer dans notre monde.
J’ouvre doucement les yeux, réveillée par les appels de ma mère pour manger. Je redescends les escaliers pour la rejoindre, un sourire mystérieux aux lèvres, les yeux brillants replongeant ainsi dans mon quotidien.